L’État gabonais vient d’enregistrer un succès majeur sur le marché financier régional avec la clôture réussie de son émission obligataire baptisée « EOG 2025 à tranches multiples 2 ». Selon le rapport de clôture rendu public le 19 décembre 2025, cette opération, lancée en septembre dernier avec un objectif initial de 50 milliards de FCFA, a permis de mobiliser 106,5 milliards de FCFA, soit plus de 190 millions de dollars américains. Le taux de souscription atteint ainsi 212,96 %, témoignant d’un fort engouement des investisseurs pour la signature gabonaise.
Pour attirer les souscripteurs, l’emprunt a été structuré en deux tranches distinctes. La première, à maturité de deux ans et assortie d’un taux d’intérêt de 5,60 %, a concentré la majeure partie des souscriptions, avec plus de 85 milliards de FCFA levés. La seconde tranche, d’une durée de trois ans et rémunérée à 6,00 %, a permis de mobiliser environ 21 milliards de FCFA. Cette structuration flexible a visiblement répondu aux attentes des investisseurs, soucieux de concilier rendement et horizon de placement.
Les ressources issues de cette émission sont destinées au financement de projets structurants identifiés comme prioritaires par les autorités gabonaises. Les secteurs ciblés comprennent notamment les infrastructures routières et aéroportuaires, la santé, l’éducation et le logement. À travers ces investissements, le gouvernement ambitionne d’améliorer durablement les conditions de vie des populations tout en accélérant la transformation structurelle de l’économie. L’objectif est également de réduire la dépendance du pays aux ressources naturelles, en diversifiant les moteurs de croissance.
Sur le plan géographique, l’opération a suscité une mobilisation significative des acteurs du marché financier de la zone CEMAC et au-delà. Le Cameroun s’est imposé comme le principal souscripteur, avec 74,6 milliards de FCFA, représentant plus de 70 % du montant total levé. Le Gabon arrive en deuxième position avec 30,3 milliards de FCFA, soit près de 28,5 % des souscriptions. Le Congo et la Côte d’Ivoire ferment la marche avec des contributions plus modestes, illustrant néanmoins l’intérêt régional pour cette émission.
Structurée par Emrald Securities Services Bourse (ESS Bourse) et CCA Bourse, l’opération n’a pas été exempte de difficultés techniques. Le rapport de clôture mentionne notamment des délais dans le traitement de certains virements internationaux ainsi que des retards dans la mobilisation de liquidités par une partie des souscripteurs. Des contraintes opérationnelles jugées mineures au regard du succès global de l’émission et de la forte sursouscription enregistrée. Ce succès confirme la crédibilité retrouvée de la signature Gabon sur le marché financier régional, dans un contexte marqué par une stabilisation politique progressive. Il contraste avec les difficultés rencontrées lors de certaines émissions obligataires en 2024, qui avaient souffert d’une faible adhésion des investisseurs et de prolongations successives.
Toutefois, cette performance s’inscrit dans un contexte de hausse continue de la dette publique gabonaise. Selon les données de la Direction générale de la dette, l’encours total est passé de 7 133 milliards à 8 606,6 milliards de FCFA en moins d’un an, soit une augmentation de 20,6 %. Si cette levée de fonds renforce la capacité de financement de l’État, elle pose également la question de la soutenabilité de la dette à moyen terme, un enjeu central pour la trajectoire économique du Gabon.
