Le groupe minier français Eramet, principal producteur de manganèse au Gabon à travers sa filiale Comilog, a annoncé la nomination de Clément Jakymiw au poste de « Directeur Transformation de la chaîne de valeur Gabon ». La création de ce poste intervient quelques mois après l’annonce par le gouvernement gabonais d’une interdiction des exportations de manganèse brut à compter du 1er janvier 2029.
Eramet explique que la nomination de Clément Jakymiw au poste nouvellement créé de Directeur Transformation de la chaîne de valeur Gabon s’inscrit dans un contexte marqué par la volonté des autorités gabonaises de renforcer la transformation locale des ressources, avec l’interdiction annoncée des exportations de minerai brut. Ingénieur de formation, Clément Jakymiw a rejoint Eramet il y a deux ans. Jusqu’à sa promotion, il occupait la fonction de directeur adjoint aux opérations, en charge du manganèse. Il sera désormais directement rattaché à Paulo Castellari, directeur général du groupe.
« La création de ce poste reflète l’ambition du Gabon en matière d’industrialisation et s’inscrit dans la continuité d’un partenariat de près de trente ans entre Eramet et le pays », a commenté M. Castellari. La mission confiée au nouveau responsable sera déterminante : il s’agit de bâtir une feuille de route claire pour accroître la valeur ajoutée locale dans la filière manganèse. Si les contours précis de ses attributions n’ont pas encore été détaillés, cette nomination traduit la volonté du groupe français d’anticiper les nouvelles orientations fixées par Libreville.
Deuxième producteur mondial de manganèse, le Gabon a extrait 10,4 millions de tonnes en 2022, dont plus de 70 % provenaient de la Comilog, selon les chiffres de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Cette ressource représente un pilier de l’économie nationale et un levier essentiel de diversification, alors que le pays cherche à réduire sa dépendance aux hydrocarbures. Jusqu’ici, la majorité du manganèse extrait sur le territoire est exportée sous forme brute, principalement vers l’Asie et l’Europe. Le gouvernement a donc décidé de mettre fin à cette situation en imposant, à l’horizon 2029, une interdiction des exportations non transformées. Une décision qui oblige les opérateurs à investir davantage dans des unités locales de traitement et de valorisation.
Présent au Gabon depuis des décennies, Eramet a déjà engagé des efforts en matière de transformation locale, mais ceux-ci restent limités face au volume exporté. L’annonce de juin 2025, confirmant l’interdiction future des exportations brutes, a conduit le groupe à réaffirmer sa volonté de « collaborer avec les autorités pour identifier de nouvelles opportunités » de développement économique. La création de ce nouveau poste stratégique apparaît donc comme une réponse directe à ce défi. Elle illustre la nécessité, pour le géant français, d’adapter son modèle opérationnel et industriel à la nouvelle donne imposée par Libreville.
Si la transition vers une industrialisation accrue du secteur minier s’annonce complexe, elle constitue une opportunité majeure pour le Gabon. Le pays espère ainsi capter davantage de valeur ajoutée, créer des emplois qualifiés et stimuler la montée en compétences locales. Pour Eramet, l’enjeu est double : rester un partenaire de confiance du gouvernement et consolider sa position dominante dans l’un des bassins miniers les plus stratégiques du monde. « Avec la nomination de Clément Jakymiw, le groupe envoie un signal fort : celui de sa volonté d’accompagner, voire de devancer, la mutation d’une filière appelée à devenir l’un des moteurs de l’industrialisation gabonaise », a commenté un économiste gabonais, ancien consultant du Pnud.
