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MINES | Focus sur le secteur



Le secteur minier représente aujourd’hui 6% du Produit Intérieur Brut (PIB) du Gabon, 6,4% des exportations (toujours largement dominées par le pétrole) et emploie environ 2000 personnes. Les analystes estiment que le secteur souffre d’une insuffisance de projets d’envergure industrielle alors que le sous-sol du pays regorge de richesses comme le minerai de fer, le nobium, les terres rares, le cuivre ou encore le zinc. 

C’est à partir de ce constat, et dans le cadre de la politique de diversification de son économie, que le Gabon a adopté un nouveau code minier en 2019.  Il s’agit de clarifier les règles de l’exploitation minière et de donner un cadre plus stable aux investisseurs. 

Comilog mène (toujours) le bal


La Compagnie Minière de l’Ogooué (Comilog), filiale du groupe français Eramet détenue à 63,7% par ce dernier et 29 % par l’Etat gabonais, demeure la principale entreprise minière du pays. La compagnie extrait 90% du manganèse issu du sous-sol gabonais (4,8 Mt en 2019), et assure une première transformation dans son Complexe Métallurgique de Moanda (production de manganèse métal électrolytique et de silico-manganèse utilisés dans la production d’acier).

Le reste de la production de manganèse est effectuée par le chinois CICMHZ (Compagnie industrielle des mines de Hangzhou), et l’entreprise Nouvelle Gabon Mining (NGM), filiale du groupe indien Coalsale Group. NGM a acquis en 2013 les droits miniers détenus par le groupe BHPBilliton et a signé début 2020 un CEPP pour le gisement d’Okondja, pour une production potentielle estimée à 2Mt par an. En 2017, NGM a mis en service une usine de traitement du manganèse à Biniomi près de Franceville.

Maboumine, filiale de la Comilog  (76%), porte également le projet d'exploitation du gisement polymétallique de Mabounié au Gabon. Le site, encore inexploité, recèle  plusieurs métaux, dont du niobium (2ème gisement mondial), des terres rares, du tantale, du scandium, des phosphates et de faibles quantités d’uranium.

Boostée par demande chinoise, le marché mondial du manganèse a connu une hausse constante de la production depuis plusieurs années. C’est dans ce contexte que l’industrie minière gabonaise a été très dynamique en 2019, marquée par des records de production, qui a atteint 7,3Mt (minerai et agglomérés), en progression de 25,4% par rapport à 2018. 

Selon la Comilog, cette embellie dans la production a été possible grâce aux améliorations opérationnelles sur les sites miniers de la compagnie française et au renforcement des capacités de production du gisement de Biniomi près de Franceville, opéré par Nouvelle Gabon Mining. La production d’alliages (silico manganèse et manganèse métal) s’est par contre repliée de 4,3% pour atteindre 47 762 tonnes en 2019, principalement pour des raisons techniques. 

Les ventes sont également en repli (-16,6% à 27,2 Mds FCFA) en raison de la conjugaison de plusieurs facteurs (indisponibilité des wagons, baisse des prix mondiaux, ralentissement global du marché mondial, notamment l’industrie automobile). Afin de s’adapter au marché actuel et de redresser les activités du Complexe Métallurgique de Moanda (CMM) pour lequel la production de manganèse métal souffre de nombreuses difficultés depuis la création, Comilog revoit sa stratégie en optant pour la production d’oxyde de manganèse.

Des investissements en hausse


Les objectifs de production de manganèse pour 2020 ont été revus à la baisse (à 7,2Mt en raison du contexte particulier de l’année, malgré l’augmentation des capacités de production qui devraient atteindre 8,6Mt grâce à la mise en exploitation du plateau d’Okouma dans le cadre du projet Comilog 20/20 reprofilé, et l’entrée en exploitation du gisement de Lebaye à Okondja par Nouvelle Gabon Mining.


Malgré la crise sanitaire, les résultats de la production de Comilog pour le premier semestre 2020 sont en hausse de +31%, à 2,8Mt par rapport au premier semestre 2019, tandis que le chiffre d’affaires de l’entreprise est en retrait, à 338,6Mds FCFA, le prix de vente du minerai ayant enregistré une forte baisse au cours de ce premier semestre. Mais les exportations de manganèse ont progressé en 2019 de +17%, à 6,1Mt (contre 5,2Mt en 2018). Malgré cette hausse, le chiffre d’affaires consolidé du secteur a baissé de 6,3%, à 739,2Mds FCFA, en raison de la baisse des prix du minerai de manganèse (prix moyen en baisse de 22,6% sur l’année). 

Les investissements du secteur ont quant à eux considérablement augmenté (+50,3%) en 2019, pour atteindre 146,9Mds FCFA. Ils ont concernés les travaux préparatoires de la mine par Comilog, et les travaux d’aménagement et d’installation des usines du site d’Okondja en vue de son entrée en production (Nouvelle Gabon Mining). 

Une filière aurifère en mode assainissement


La filière aurifère gabonaise ne représente encore qu’une production de 2 tonnes par an était effectuée pour deux-tiers par la compagnie Ressources Golden Grams (REG), filiale du marocain Managem  et pour l’autre tiers par des producteurs locaux artisanaux. 

Managem ayant terminé l’exploitation du site de Bakoudou, la société continue les études pour le gisement d’Eteke situé près de Mouila (Sud) qui pourrait produire 1,5 tonne par an et dont les réserves  sont estimées à plus de 23 tonnes. La compagnie chinoise Jilin Mining Resources (JMR) a signé en octobre 2019 avec la SEM un contrat de partage de production avec l’État. La compagnie Alpha Centauri Mining, à capitaux londoniens et émiratis, possède par ailleurs plusieurs permis dans la région de Ndjolé.

En septembre 2018, le gouvernement gabonais avait annoncé la fin de plusieurs activités d’orpaillage, quatre tonnes d’or étaient alors exportées illégalement chaque année selon le gouvernement. Plusieurs petites exploitations d’or avaient ainsi dû fermer.

Le Comptoir gabonais de collecte de l’or (CGCO), filiale de la SEM, a vocation à collecter l’or auprès des orpailleurs, via cinq comptoirs présents à travers le pays (55 kg d’or ont été ainsi récupérés en 2015). Les ressources nationales d’or s’élèveraient à 40 tonnes selon les estimations.

Le fer, jackpot de demain ?


Le fer gabonais ne fait toujours pas l’objet d’exploitation mais nombreux estiment que ce sera la filière d'avenir. Le principal gisement au Gabon se trouve à Belinga, au nord-est du pays. Il est l'un des derniers grands gisements au monde (réserves estimées à un milliard de tonnes). Si le contrat d’exploitation de ce gisement a été accordé à une société chinoise d’équipement en 2007 (China Machinery Equipment Corporation), la licence est retombée dans le domaine public fin 2013. 

A savoir par ailleurs qu’un contrat d’évaluation a été signé en 2014 avec le groupe anglo-saxon SRK consulting afin d’évaluer le potentiel des sites en question. Ses travaux ont été suspendus pour raison financière.

Les mines de Milingui (province de la Nyanga) et celles des Monts de Cristal (nord de Libreville) contiendraient, quant à elles, des réserves estimées à 150 et 100 millions de tonnes de minerai de fer chacune. Un accord-cadre a été signé en février 2018 entre l’Etat gabonais et la société sudafricaine Havilah Consolidated Ressources pour l’exploitation de Milingui. L’investissement est estimé à 1Md USD et l’entrée en production est attendue prochainement.

Quant à l’uranium, il a été exploité par Areva (rebaptisé Orano) jusqu’en 1999. L’entreprise dispose de deux filiales au Gabon, Comuf  (Compagnie des Mines d'Uranium de Franceville) créée en 1958, suite à la découverte en 1957, du gisement de Mounana au Gabon par le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) et Areva Gabon. De 1961 à 1999, la Comuf a exploité 5 gisements d'uranium en mines à ciel ouvert et en mines souterraines dans la province du Haut-Ogooué. Elle  a cessé son exploitation en juin 1999 après l’épuisement des derniers gisements économiquement exploitables. Orano dispose de quatre permis de prospection de 2 000 km2 chacun (zones de Mopia, Andjogo, Lekabi et N’Goutou).

Le Gabon disposerait également d’un potentiel diamantifère. Plusieurs sociétés dont DeBeers, Southernera (Canada) et Motopa (Australie) ont mené des campagnes d’exploration. L’exploration dans ce secteur est, pour l’heure, suspendue et ces permis sont depuis retombés dans le domaine public.

Changer la donne


Comme dans le secteur pétrolier, l’Etat gabonais a cherché à devenir un acteur réel du secteur minier. C’est ainsi qu’a été créée en 2011 la Société Equatoriale des Mines, société publique qui détient et gère les participations de l’Etat gabonais dans les sociétés minières. Elle a également pour missions le développement de la transformation locale des substances minérales extraites, la commercialisation des substances précieuses ou encore l’exploitation de ses propres titres miniers.

L’entreprise publique, qui tournait au ralenti depuis 2017, cherche à reprendre une place active dans le secteur des mines à travers un plan de relance de ses activités dont la mise en œuvre a débuté mi 2019.


Initié par le Président de la République Ali Bongo Ondimba dans le cadre du PSGE (Plan stratégique Gabon émergent) depuis plusieurs années, le nouveau code minier, adopté l’année dernière, s’est donné pour objectif de clarifier les règles de l’exploitation minière et de donner un cadre plus favorable aux investisseurs en reconnaissant l’inviolabilité des titres miniers, ainsi qu’en créant des mécanismes de garantie et des procédures d’arbitrages. 

De nouvelles obligations ont également vu le jour comme celle de réaliser une étude d’impact approuvée par le ministère de la Protection  de l’Environnement et des Ressources naturelles, de la Forêt et de la Mer et par le ministère des Mines et de l’Industrie avant de réaliser une opération d’exploration. Les opérateurs doivent aussi verser de 1 à 5% des recettes dans deux fonds développant des projets de RSE, le fonds de responsabilité industrielle et le fonds de responsabilité sociale. Sans oublier l’instauration d’une préférence nationale pour les Gabonais (plafonnement du taux de travailleurs étrangers à 10% dans les entreprises) et l’obligation d’accueillir une prise de participation gratuite de l’Etat de 10% dans tout nouveau projet, une prise de participation optionnelle et payante de 25% pouvant également être mise en œuvre.

Les observateurs constatent que la nouvelle disposition légale accorde plus de flexibilité en matière d’imposition selon la nature et la taille de la mine, et met en place un taux à 0% pendant la période de  recherche. Sur la fiscalité minière d’aval, la taxe ad valorem fixée dans la convention minière est prélevée entre 3 et 5% pour les métaux basiques, entre 5 et 8% pour les métaux précieux et entre 8 et 10% pour les pierres précieuses. Les compagnies auront, en revanche, droit à 5 ans d’exonération d’impôt sur les sociétés (toujours fixé à 35%) sur tout nouveau projet et à une exonération de droits de douane sur les équipements importés. 

Source : DGT France
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