Les émissions de titres du Trésor dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ont connu une dynamique soutenue au cours des dix premiers mois de l’année 2025. Entre janvier et octobre, les États membres ont mobilisé un total de 5 272,8 milliards de FCFA, soit environ 9,4 milliards de dollars, sur le marché régional des titres publics. Ces données ressortent du dernier rapport publié par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), illustrant le rôle croissant de ce marché comme principal outil de financement des budgets publics.
Dans ce contexte, le Gabon s’impose comme le premier émetteur de la sous-région, avec une levée de 1 648,5 milliards de FCFA sur la période considérée. Cette performance place le pays devant le Congo, qui a mobilisé 1 531,8 milliards de FCFA, confirmant la position dominante de ces deux économies sur le marché des titres du Trésor de la CEMAC. Le recours massif aux émissions reflète à la fois les besoins de financement des États et la maturité progressive du marché financier régional. Le Cameroun occupe la troisième place avec 1 180,9 milliards de FCFA levés, traduisant une présence régulière sur le marché des adjudications. Viennent ensuite le Tchad, avec 472,2 milliards de FCFA, la Guinée équatoriale, qui a mobilisé 323,2 milliards de FCFA, et enfin la République centrafricaine, dont les émissions s’élèvent à 116,1 milliards de FCFA.
Ces écarts entre pays reflètent des différences importantes en matière de besoins budgétaires, de capacités de mobilisation des ressources et de stratégies de gestion de la dette. L’intensification des émissions de titres publics a contribué à porter l’encours total de la dette sur le marché des titres publics de la CEMAC à 9 315,9 milliards de FCFA à fin octobre 2025. Ce niveau témoigne de l’ampleur croissante du financement des États par le marché régional, devenu une alternative essentielle aux financements extérieurs et aux appuis budgétaires traditionnels.
Toutefois, cette évolution pose également la question de la soutenabilité de la dette. Si le marché des titres publics permet aux États de couvrir leurs besoins de trésorerie et de financer des projets prioritaires, il nécessite une gestion prudente afin d’éviter une accumulation excessive de dettes à court et moyen termes. La BEAC joue à cet égard un rôle central, à travers la régulation du marché et le suivi des émissions, afin de préserver la stabilité financière de la sous-région. En définitive, les chiffres enregistrés entre janvier et octobre 2025 confirment l’importance stratégique du marché des titres du Trésor dans la CEMAC. Le leadership du Gabon et la forte mobilisation des autres États traduisent une intégration financière progressive, mais appellent également à un renforcement des politiques de gestion de la dette pour garantir un financement durable des économies de la sous-région.
