Dans son adresse à la Nation, à la veille de la Journée nationale de la Libération célébrée ce samedi à Tchibanga (sud), le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a réaffirmé la volonté de son administration de muscler les investissements dans la transformation locale des matières premières dont le pétrole.
Le chef de l’État a souligné que cette orientation économique s’inscrit dans une dynamique déjà perceptible, marquée par un regain d’activité dans les industries de transformation. Selon la note de conjoncture du 1er trimestre 2025, ce secteur a progressé de 3,7 % par rapport au trimestre précédent. Dans le détail, la production de ciment a enregistré une hausse de 7,4 %, tandis que celle des gaz industriels a progressé de 16,1 %. Le secteur des peintures, bien qu’en repli conjoncturel de 7,2 %, affiche en glissement annuel une croissance de 6,7 %, soutenue par une augmentation des commandes liées aux chantiers lancés dernièrement.
A noter en outre que si l’extraction pétrolière a enregistré une baisse de 1,2 %, l’indice de production du raffinage s’est, lui, fortement redressé (+117,3 %), porté par la reprise des opérations après l’incident du 4e trimestre 2024. «Désormais, nous devons transformer notre pétrole en carburant raffiné », a déclaré le chef de l’État. Selon lui, cette politique permettra de réduire les coûts à la pompe. Le prix du litre d’essence au Gabon s’établissait à 595 francs CFA au 18 août 2025, contre une moyenne mondiale de 725,52 FCFA, selon les données de Global Petrol Prices. En Russie, pays riche en hydrocarbures, le prix est de 439,29 FCFA. Cette situation illustre les défis auxquels fait face le Gabon, encore dépendant des importations de produits raffinés, malgré la présence de la Société gabonaise de raffinage (SOGARA).
Une fois de plus, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a donc placé la souveraineté économique au cœur de son discours, la présentant comme le véritable levier de consolidation de l’indépendance politique. En saluant une nouvelle fois les acteurs de la libération du 30 août, le président a défendu une vision d’émancipation économique. Il a exprimé sa conviction forte : « Une indépendance politique sans souveraineté économique n’est qu’un leurre ». Manière pour le Chef de l'Etat d'appeler à rompre avec la dépendance aux marchés extérieurs et au modèle extractiviste qui cantonne le Gabon au rôle de simple réservoir de matières premières.
Cette stratégie repose sur un pilier majeur : la transformation locale des ressources naturelles. Bois, pétrole, minerais, or, cacao, potasse… autant de richesses dont la valeur ajoutée devra désormais être produite sur le territoire national. L’objectif annoncé étant de créer de l’emploi, redistribuer les richesses aux Gabonais, diversifier l’économie et réduire sa vulnérabilité face aux fluctuations des marchés mondiaux. Soutenant que le Gabon ne sera plus exportateur de matières premières, mais un producteur de richesses », le chef de l’État veut marquer une rupture nette avec le modèle d’exportation brute. Ce changement marque la volonté d’imposer au Gabon des termes de coopération plus justes dans ses relations internationales.
Au-delà de la transformation locale, le président a insisté sur la nécessité d’améliorer les modes de partenariat avec les investisseurs étrangers. Il privilégie le principe du partage équitable des productions, condition pour bénéficier d’une « large ouverture des portes gabonaises ». Deux ans après la libération nationale, ce discours offre un nouveau symbole selon un commentateur de la vie publique : celui de la conquête de l’indépendance économique. À travers la transformation locale et une répartition équitable des richesses, une réorientation profonde du modèle économique gabonais est en cours. Mais la mise en œuvre de cette ambition exigeante nécessitera des investissements massifs, une gouvernance rigoureuse et une vision durable.