La lutte contre le trafic de produits médicaux falsifiés et de mauvaise qualité est appelée à se renforcer en Afrique centrale. La Délégation de l’Union européenne au Gabon a récemment participé à un atelier national consacré à la collecte de données sur ce phénomène préoccupant, organisé dans le cadre du projet « Criminalité transnationale organisée en Afrique centrale : évaluation de la menace en matière de trafic de produits médicaux ».
Selon les explications fournies, ce programme est financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Lors de cet atelier, Nicolas Kasprzyk, Chargé d’Affaires a.i. de l’Union européenne au Gabon, a souligné les enjeux sanitaires et sécuritaires liés à ce fléau. Selon lui, « les produits médicaux de mauvaise qualité et falsifiés représentent une menace importante pour la santé publique à l’échelle mondiale ». Au-delà du risque direct pour la vie des patients, leur prolifération mine la confiance envers les systèmes de santé et alimente un commerce illicite qui profite à des réseaux criminels transnationaux.
Le trafic de produits médicaux ne se limite pas aux frontières d’un seul pays. Il constitue une véritable criminalité transnationale, nécessitant une réponse coordonnée entre États. Pour M. Kasprzyk, seule la mise en place de systèmes de contrôle solides, accompagnée de réponses coordonnées aux niveaux national, régional et international, permettra de contenir ce phénomène. C’est précisément dans cette perspective que le projet mis en œuvre par l’ONUDC se déploie dans les six pays membres de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), dont le Gabon. L’objectif est clair : renforcer durablement les capacités de collecte et d’analyse de données liées au trafic de produits médicaux dans la sous-région. La disponibilité et la fiabilité de ces informations sont essentielles pour comprendre l’ampleur de la menace et définir des stratégies efficaces de lutte.
Le Gabon, déjà engagé dans la lutte contre ce trafic, dispose d’un cadre législatif permettant d’encadrer les importations et la commercialisation des produits médicaux. Les autorités multiplient également les opérations de saisie et de contrôle, avec le concours des forces de police. L’Agence Nationale du Médicament et des Autres Produits de Santé (ANMAPS) joue un rôle crucial dans l’analyse et la traçabilité des médicaments circulant sur le marché national. L’Union européenne salue ces efforts, qui démontrent la volonté du pays de protéger sa population contre les dangers des produits falsifiés et de contribuer à la stabilité sanitaire régionale. Toutefois, comme l’a rappelé le Chargé d’Affaires de l’UE, cette lutte ne peut être efficace que si elle s’appuie sur une coopération régionale renforcée et un partage accru d’informations.
La prolifération de faux médicaments est un problème qui dépasse largement les frontières africaines. Selon l’Organisation mondiale de la santé, une part non négligeable des produits médicaux en circulation dans les pays à revenu faible ou intermédiaire est de qualité inférieure ou falsifiée. Ces produits compromettent non seulement la santé des patients, mais favorisent aussi l’émergence de résistances aux traitements, notamment dans le cas des antipaludiques et des antibiotiques. Face à ce défi mondial, l’appui de partenaires tels que l’Union européenne est essentiel. L’atelier tenu au Gabon illustre ainsi une étape importante vers la mise en place d’un dispositif régional plus robuste, où la vigilance, la coopération et la rigueur scientifique s’imposent comme les meilleures armes pour protéger les citoyens.
