La filière forêt-bois, qui couvre près de 88 % du territoire gabonais, ne représente aujourd’hui que 3,2 % du produit intérieur brut (PIB). Un contraste qui illustre le potentiel immense de ce secteur dans la diversification économique, la création d’emplois qualifiés et la construction d’une croissance durable. C’est dans ce contexte que s’est tenu, les 8 et 9 septembre à Libreville, le Forum économique forestier 2025, un rendez-vous majeur pour repenser l’avenir de cette filière stratégique.
Placée sous le patronage du Vice-Président du Gouvernement, cette rencontre a été organisée par le Ministère des Eaux et Forêts, chargé du conflit Homme-Faune, en collaboration avec le Ministère de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, chargé de la Lutte contre la vie chère, et avec l’appui de l’Union européenne. Elle a rassemblé plus de 150 acteurs publics, privés, ainsi que des experts nationaux et internationaux autour d’un objectif commun : redynamiser la filière bois et renforcer son rôle dans l’économie nationale.
Les travaux se sont articulés autour de quatre grands panels thématiques, chacun abordant un maillon clé de la chaîne de valeur. Le premier a été axé sur la production et transformation. Les participants ont souligné l’urgence de renforcer la transformation locale du bois pour augmenter la valeur ajoutée, réduire la dépendance aux exportations de grumes et stimuler la formation professionnelle dans les métiers liés à la filière. Le second panel "Transport et logistique", s'est penché que la question des infrastructures reste centrale. Des routes en mauvais état, un réseau ferroviaire limité et des coûts de transport élevés freinent la compétitivité des opérateurs. L’amélioration de ces maillons est apparue indispensable pour fluidifier la chaîne d’approvisionnement.
Le troisième panel a été dédié au financements innovants et crédits carbone. Avec la montée des enjeux climatiques, le forum a mis en avant la nécessité de mobiliser de nouveaux capitaux. Les crédits carbone, auxquels le Gabon est éligible en raison de sa couverture forestière exceptionnelle, ont été présentés comme une source de financement durable à explorer davantage. Enfin, le dernier panel a été axé sur les marchés internationaux et intégration continentale. Les discussions ont aussi porté sur les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Le Gabon, en valorisant sa production certifiée et durable, pourrait renforcer sa présence sur les marchés régionaux et mondiaux.
Au-delà des débats techniques, le forum a rappelé que la filière forêt-bois représente un enjeu stratégique pour la diversification de l’économie gabonaise, encore largement dépendante des hydrocarbures. Les autorités misent sur ce secteur pour créer des milliers d’emplois qualifiés, soutenir les communautés rurales et contribuer à la transition écologique. Les participants ont également insisté sur la nécessité de renforcer la gouvernance, d’assurer une exploitation responsable et de mieux valoriser le savoir-faire local. Le secteur pourrait ainsi devenir un modèle de développement durable, conciliant impératifs économiques et préservation de la biodiversité.
Les conclusions et recommandations issues de ce forum sont désormais très attendues. Elles devraient tracer une feuille de route claire pour transformer ce potentiel en résultats concrets. En mettant en synergie les efforts des pouvoirs publics, du secteur privé et de ses partenaires internationaux, le Gabon espère faire de sa filière forêt-bois un véritable moteur de croissance et un pilier de son avenir économique.
