Les autorités gabonaises affirment avoir franchi une étape décisive dans la stratégie du pays visant à mieux valoriser ses ressources naturelles. En recevant à Oyem les dirigeants du groupe français Eramet, maison-mère de la Comilog, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a obtenu des engagements en faveur de la transformation locale du manganèse.
Face à la décision du gouvernement d’interdire l’exportation de manganèse brut à partir de 2029, les discussions avec Eramet s’annonçaient houleuses. Au départ réticente, la multinationale, principal acteur du secteur à travers sa filiale Comilog, a fini par céder aux exigences de Libreville. Un compromis a été trouvé à l’issue d’échanges qualifiés d’« exigeants mais constructifs » par le chef de l’État, débouchant sur des mesures qui renforcent nettement les intérêts gabonais.
Dans une déclaration publiée sur ses réseaux officiels, le président Oligui Nguema a détaillé les résultats obtenus. On sait ainsi qu'Eramet va assurer le traitement local de 2 millions de tonnes d’alliages de manganèse, première pierre d’une industrialisation effective de la filière. Le chef de de l'Etat a aussi annoncé la création de plus de 16 000 emplois directs et indirects, avec un impact significatif attendu sur l’insertion des jeunes. La gabonisation des postes clés au sein de Comilog et de Setrag, notamment aux directions générales et aux ressources humaines, a aussi été soulignée.
A noter également le rapatriement des flux financiers issus de l’exploitation minière et une transparence renforcée sur la chaîne de valeur, ainsi que la construction d’une centrale électrique et d’un siège social national, pour renforcer l’ancrage territorial des investissements d’Eramet. « Ce que nous avons obtenu dépasse le simple cadre industriel. Il s’agit d’un acte de souveraineté économique », a lancé le président, qui réitéré son choix de placer la transformation locale des matières premières au cœur de son projet politique.
Depuis son arrivée au pouvoir, Brice Clotaire Oligui Nguema affiche une volonté claire de rompre avec les logiques extractivistes héritées, qui ont longtemps cantonné le Gabon à un rôle de fournisseur de matières premières non transformées. La rencontre avec Eramet illustre ce virage vers un modèle économique fondé sur la création de valeur sur le sol national.
"En acceptant ce nouveau cadre, le groupe français Eramet a reconnu la capacité du Gabon à définir ses propres priorités économiques. Cette négociation, saluée par plusieurs analystes comme exemplaire, traduit un nouveau rapport de force, reposant sur la souveraineté assumée, la co-construction et le respect des intérêts mutuels",
a rapporté un média économique régional.
"Avec ce partenariat rééquilibré, le Gabon envoie un signal fort : l’ère de la simple exportation brute touche à sa fin. Le pays entend désormais exploiter ses richesses pour bâtir une économie plus inclusive, durable et maîtrisée",
a commenté pour sa part un économiste gabonais qui a évolué durant plusieurs années tant que consultant du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
