Le président du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, a reçu le week-end dernier les dirigeants de la Setrag et ceux du groupe minier Eramet, pour discuter d’une transformation majeure du modèle économique et de gouvernance du principal réseau ferroviaire du pays. Cette rencontre stratégique marque une nouvelle étape dans la volonté de l’État de rééquilibrer ses relations avec l’opérateur privé et d’optimiser les retombées économiques générées par le Transgabonais.
Au centre des discussions figurent deux chantiers prioritaires : la révision de l’actionnariat de l’État et la mise en place de mécanismes plus transparents de captation des revenus issus de l’exploitation ferroviaire. Le gouvernement insiste sur la nécessité de restaurer un partage équitable entre l’effort public engagé pour moderniser les infrastructures et la gouvernance exercée par l’opérateur. Cette orientation intervient dans le prolongement direct de l’accord tripartite signé le 24 novembre 2025 entre le Gabon, la France et l’Agence Française de Développement (AFD), qui doit financer le Programme de modernisation et de sécurisation du Transgabonais (PMS).
Selon la présidence, les investissements publics consentis pour la réhabilitation et la sécurisation du réseau justifient pleinement une reconfiguration de la participation étatique au sein de Setrag. Bien que le Transgabonais joue un rôle central dans l’économie nationale — notamment dans l’acheminement du manganèse, ressource minière essentielle, et dans le transport de milliers de passagers — l’entreprise, selon le gouvernement, ne contribue pas au budget de l’État. Les autorités entendent donc mettre en place un système garantissant que les revenus dus au Trésor public soient versés de manière automatique et transparente, renforçant ainsi la bonne gouvernance du secteur.
Parallèlement, plusieurs mesures structurelles sont à l’étude pour améliorer la performance du réseau et mettre fin à certains déséquilibres. Parmi celles-ci figure l’instauration de zones de péage ferroviaire à l’entrée de chaque province traversée, un dispositif qui permettrait à l’État de mieux contrôler et valoriser le trafic ferroviaire. Le gouvernement prévoit également d’installer des postes de pesage destinés à limiter les surcharges de wagons. Ces pratiques, souvent observées dans le transport du minerai, accélèrent la détérioration des rails et des ponts, engendrant des coûts de maintenance élevés pour l’État.
La révision des modalités de gestion du fret constitue un autre axe majeur des réformes envisagées. L’objectif est de renforcer la concurrence, d’améliorer l’efficacité logistique et de diversifier les opérateurs afin de réduire les abus de position dominante. Cette démarche pourrait dynamiser le secteur ferroviaire et offrir davantage de garanties aux acteurs économiques tributaires du Transgabonais. Pour piloter cette transformation, un groupe de travail interministériel sera mis en place. Il aura la responsabilité d’examiner en profondeur la convention liant l’État à Setrag et d’actualiser ses avenants.
Cette révision contractuelle vise à clarifier les obligations de chaque partie et à adapter le cadre juridique aux ambitions de modernisation du réseau ferroviaire national. Selon les explications fournies, en s’engageant dans ces réformes d’envergure, les autorités gabonaises ambitionnent de redonner au Transgabonais son rôle stratégique tout en garantissant un meilleur retour sur investissement pour l’État et une gouvernance plus rigoureuse au service du développement national.
