Le gouvernement gabonais, dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie de transition énergétique du pays, vient de signer un protocole d’accord avec le groupe italien Todini Costruzioni Generali S.p.A., en vue de la construction de deux nouveaux barrages hydroélectriques dans les localités de Booué (nord-est) et Tsengué-Lélédi (centre).
Selon les explications fournies, cet accord marque le début d’un projet structurant destiné à renforcer la production d’énergie propre et à réduire la dépendance du pays aux centrales thermiques fonctionnant au fuel. De son côté, la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), a fait savoir que la production électrique nationale repose actuellement sur un équilibre fragile entre l’hydraulique et le thermique. Les infrastructures existantes – Kinguélé, Tchimbélé, Poubara, Bongolo et Médouneu – assurent environ 40 % de l’énergie produite, le reste provenant essentiellement de centrales thermiques. Or, la demande croissante en électricité et les contraintes liées à l’approvisionnement en carburant rendent ce modèle difficilement soutenable à long terme.
Le protocole d’accord signé avec Todini ne lance pas encore les travaux de construction, mais encadre la phase préparatoire du projet. Celle-ci inclut les études techniques, économiques et environnementales nécessaires avant tout engagement financier. Aucune donnée officielle ne précise pour l’instant la capacité de production envisagée pour chaque site, ni le calendrier de mise en œuvre. Ce protocole constitue donc un cadre de coopération permettant de poser les bases techniques et réglementaires du projet.
Le gouvernement gabonais justifie cette initiative par la nécessité urgente de stabiliser le réseau électrique national, souvent confronté à des délestages récurrents. Pour pallier ces coupures, les autorités ont temporairement fait appel à la société Karpowership, qui fournit un appui de 70 mégawatts via une centrale flottante, et ont également importé 10 MW depuis la Guinée équatoriale. Ces mesures, bien que provisoires, ont permis de soulager le réseau, mais elles traduisent une dépendance énergétique que le pays souhaite rapidement réduire.
L’ambition affichée par Libreville est d'accroître la part de l’hydroélectricité dans le mix énergétique et garantir une production stable, propre et durable. D’après le Programme for Infrastructure Development in Africa (PIDA), le coût global estimé du duo Booué–Tsengué-Lélédi s’élève à 1,78 milliard de dollars américains, un investissement conséquent qui devrait être structuré autour de partenariats publics-privés et de financements internationaux. En misant sur l’hydroélectricité, le Gabon cherche à valoriser son potentiel naturel tout en respectant ses engagements climatiques.
La réussite de cette initiative dépendra toutefois de la qualité des études à venir, du montage financier et de la capacité du gouvernement à garantir un cadre attractif pour les investisseurs. Si les barrages de Booué et Tsengué-Lélédi voient le jour dans les délais prévus, ils pourraient non seulement réduire la vulnérabilité énergétique du pays, mais aussi accélérer l’industrialisation et stimuler la croissance régionale, en assurant un approvisionnement stable pour les ménages et les entreprises.
