Les principaux acteurs publics privés du secteur, Moov Africa Gabon et Airtel Gabon, se sont réunis autour du ministère de l’Économie numérique pour discuter de la création d’un véhicule commun dédié au développement de la fibre optique. Objectif : impliquer fortement le secteur privé pour étendre l’épine dorsale nationale de 1 800 km supplémentaires, réduire le coût de la donnée et positionner le pays comme un pôle régional de connectivité.
La réunion du 11 septembre a rassemblé Moov Africa Gabon, Airtel Gabon, la Société de patrimoine des infrastructures numériques (SPIN) ainsi que la direction générale du développement des réseaux numériques. Ensemble, ces acteurs ont défini les contours d’un projet reposant sur trois axes majeurs : mutualisation des infrastructures, gouvernance transparente et renforcement technique. L’idée d’une entité commune vise à optimiser les investissements et à réduire les coûts opérationnels, tout en facilitant la maintenance et l’extension du réseau. Un premier partenariat, déjà annoncé entre Moov Africa et Airtel, marque une avancée vers une coopération accrue, gage d’efficacité dans la mise en œuvre.
L’extension de la fibre sur 1 800 km viendra compléter les 1 628 km déjà réalisés dans le cadre du projet CAB4 (Central African Backbone 4), financé avec l’appui de la Banque mondiale. Cette dorsale relie déjà plusieurs régions gabonaises et assure des interconnexions avec le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Congo. Cette nouvelle phase vise à améliorer la couverture nationale et à combler les disparités d’accès au haut débit, particulièrement dans les zones rurales et périurbaines encore mal desservies. Des centres techniques seront renforcés dans différentes localités afin d’assurer une meilleure qualité de service et de rapprocher les infrastructures des utilisateurs finaux.
Pour alléger la pression sur les finances publiques, les participants ont également discuté de modèles de financement innovants. L’idée est de favoriser une plus grande participation du secteur privé, sans compromettre la dimension publique de l’infrastructure. Cette approche hybride pourrait permettre d’accélérer la réalisation du projet, tout en assurant sa durabilité. Selon le rapport 2025 de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Gabon affiche déjà un indice de développement des TIC de 76,1 sur 100, un niveau élevé comparé à la moyenne africaine. Toutefois, des zones restent encore à l’écart de cette dynamique, d’où la nécessité d’investissements complémentaires.
En améliorant sa connectivité, le Gabon espère stimuler l’essor du commerce numérique, soutenir la digitalisation des administrations et entreprises et renforcer l’inclusion numérique. Cette transformation est perçue comme un levier majeur pour diversifier l’économie, traditionnellement dépendante des hydrocarbures, et offrir aux citoyens de meilleures opportunités dans l’éducation, la santé ou encore l’entrepreneuriat.
En misant sur une gouvernance partagée et une mutualisation des ressources, le Gabon ambitionne de s’imposer comme un acteur central de la connectivité en Afrique centrale et de l’Ouest. La réussite de ce projet dépendra de la capacité à maintenir un équilibre entre investissements publics et privés, et à garantir la transparence dans la gestion des infrastructures. À terme, cette initiative pourrait transformer le pays en un véritable hub numérique régional, capable de soutenir la croissance économique et de réduire durablement la fracture numérique.