Le Conseil des ministres vient d’adopter le projet de loi de finances 2026. Pour l'Expert-Comptable et ancien Ministre du Budget et des Comptes publics, Jean-Fidèle Otandault, ce budget, le plus élevé de l’histoire du Gabon, est bien plus qu’un simple cadre comptable : il marque une volonté politique affirmée de placer l’investissement public et privé au cœur de la transformation économique de notre pays. Gabon Newsroom reproduit ci-après son point de vue.
« Avec 3 321,5 milliards de FCFA réservés à l’investissement et une croissance projetée à 7,9 %, il ouvre la voie à un véritable changement de paradigme. Certes, des voix s’élèvent, notamment parmi nos partenaires techniques et financiers, pour exprimer des réserves sur la soutenabilité de ces ambitions. Mais faut-il rappeler qu’aucune nation ne s’est développée sans avoir osé viser haut et mobiliser ses forces autour d’un projet national ? En ce sens, le budget 2026 traduit la vision du Chef de l’État : celle d’un développement inclusif, durable et tourné vers l’avenir.
La réussite de cette entreprise repose toutefois sur des conditions claires. La première est la discipline budgétaire et la transparence. Maîtriser les dépenses de fonctionnement, respecter nos engagements financiers et préserver la crédibilité de l’action publique sont des impératifs auxquels nous ne pouvons déroger. La deuxième condition concerne la disponibilité des financements : les ressources, qu’elles soient internes ou externes, doivent être mobilisées et décaissées rapidement afin de ne pas ralentir l’exécution des projets structurants. Enfin, la simplification des procédures s’impose : l’administration ne doit plus être perçue comme un obstacle mais comme un levier de l’action publique.
Au-delà des chiffres, il faut rappeler que la clé du succès réside dans le capital humain. Ce budget ne produira des résultats tangibles que si nous plaçons des femmes et des hommes compétents, intègres et engagés aux postes stratégiques. Il est temps d’instaurer une véritable culture de la performance, basée sur l’évaluation régulière, la redevabilité et la transparence. Les programmes annuels de performance constituent déjà un cadre utile, mais encore faut-il les appliquer avec rigueur et exigence. Dans cette perspective, je propose la mise en place d’un Conseil de discipline budgétaire. Organe indépendant, il aurait pour mission de suivre l’exécution des crédits, de vérifier le respect des engagements pris et, le cas échéant, de sanctionner les manquements. Ce mécanisme renforcerait la responsabilité individuelle des gestionnaires publics et enverrait un signal fort en faveur de la bonne gouvernance.
En définitive, le budget 2026 incarne une ambition nationale qui doit transcender les clivages. Il porte la promesse d’une croissance forte, durable et partagée. Oui, les défis sont nombreux. Oui, le scepticisme existe. Mais c’est en conjuguant ambition, rigueur et responsabilité que nous donnerons au Gabon les moyens de devenir une économie moderne et compétitive. Je veux le dire clairement : 2026 doit être une année charnière. Celle où le Gabon franchira un cap décisif, où l’investissement sera enfin synonyme de transformation structurelle, et où la prospérité collective cessera d’être une promesse pour devenir une réalité ».