Le quotidien L'Union du lundi 30 juin 2025 a mis en avant le plaidoyer de Jean-Fidèle Otandault pour une dépense publique créatrice de richesse. L'ancien membre du gouvernement en charge du budget qui soutient notamment que toute dépense n’est pas mauvaise par essence : "Bien pensée, la dépense publique est un outil stratégique de création de valeur et de transformation économique".
En matière budgétaire, question qui anime les débats ces derniers temps, Jean-Fidèle Otandault a tenu à faire remarquer qu'une idée fausse revient trop souvent : celle selon laquelle la dépense publique serait, par nature, une charge. Et lui de poursuivre que cette perception purement comptable, parfois teintée d’idéologie, occulte une vérité fondamentale : lorsqu’elle est bien orientée et bien gérée, la dépense publique est un puissant levier de création de richesse.
"Au lieu de nous interroger uniquement sur les dépenses à supprimer, il serait plus judicieux de se poser une autre question, plus pertinente : pourquoi dépensons-nous ? et dans quel but ?",
a aussi lancé cet expert-comptable avant de souligner que la qualité d’une dépense publique ne se mesure pas à son volume, mais à son utilité.
"Trois critères, bien connus des praticiens et économistes, permettant de l’évaluer : efficacité, efficience et effectivité. Ainsi, l’efficacité désigne la capacité d’une dépense à atteindre les objectifs fixés, l’efficience mesure le rapport entre les résultats obtenus et les moyens mobilisés et l’effectivité observe les effets concrets sur les citoyens et le territoire".
Et Jean-Fidèle Otandault d'apporter des éclairages complémentaires en indiquant que c’est selon ces principes que la budgétisation par objectif de programme (BOP), à travers plus précisément les programmes annuels de performance (PAP) et les rapports annuels de performance ( RAP), en vigueur chez nous au Gabon depuis le 01 janvier 2015, a été conçue. "Chaque franc engagé doit être justifié par une mission claire de l’État", a-t-il argumenté avant de citer comme exemple le programme de réhabilitation des voiries urbaines à Libreville, dans le 2ᵉ arrondissement notamment, qui a permis de désenclaver plusieurs quartiers tels que Bangos, Alibandeng et le carrefour IAI. Cela a relancé les activités économiques locales, facilité l’accès aux services publics, et renforcé la valeur des biens immobiliers. Cette dépense publique, loin d’être une perte, a en effet généré des effets positifs durables.
Pour une dépense publique responsable et porteuse de développement
Autre illustration apporté par ce spécialiste de la gouvernance budgétaire : la numérisation du système fiscal et budgétaire, engagée depuis 2017 et qui a connu une nette accélération en 2023-2024. Celle-ci a permis une amélioration sensible de la mobilisation des recettes et de la transparence. Les gains en productivité, la réduction de la fraude et la confiance restaurée entre l’État et les contribuables en sont des preuves concrètes. En outre, les dépenses sociales ciblées, telles que l’accès gratuit aux soins primaires pour les enfants et les femmes enceintes, ont eu un impact mesurable sur les indicateurs de santé. Là encore, les bénéfices dépassent largement le simple coût comptable.
Pour "JFO", loin d’être une lubie, cette approche s’appuie sur des fondements théoriques solides. John Maynard Keynes, dans les années 1930, n'a-t-il pas démontré que dans un contexte de sous-emploi, l’État doit jouer un rôle contracyclique, injecter de la dépense pour stimuler la demande, créer des emplois, et enclencher un cercle vertueux de croissance.
"Aujourd’hui encore, de nombreux pays, notamment en Afrique, s’inspirent de cette logique pour financer les infrastructures, moderniser l’administration, et soutenir la transition énergétique ou agricole",
a-t-il également fait remarquer.
"Notre pays le Gabon, avec ses ambitions de diversification économique et d’inclusion sociale, a lancé depuis 2023, grâce à la vision du Président Brice Clotaire Oligui Nguema un vaste programme d’investissement",
a aussi tenu à rappeler l'auteur de ce plaidoyer budgétaire pour poursuivre que l’investissement public, s’il est stratégique et rigoureusement suivi, reste un outil indispensable de transformation économique.
" Il ne s’agit pas de défendre une dépense publique laxiste ou non contrôlée. La rigueur budgétaire reste nécessaire, mais elle doit être orientée vers la qualité plutôt que la réduction mécanique. Dépenser mieux, pas forcément moins, tel doit être notre cap".
Enfin, Jean-Fidèle Otandault a insisté sur l’exigence de résultats, la lutte contre les doublons, la digitalisation des processus et l’évaluation systématique des politiques publiques. A ses yeux, ces points sont les conditions d’une dépense publique responsable et porteuse de développement.
"Réconcilier les citoyens avec la dépense publique, c’est leur montrer que l’argent public bien utilisé est une richesse commune, pas une perte. C’est leur démontrer que l’État, loin d’être un centre de coûts, peut et doit être un moteur d’investissement et de progrès collectif",
a-t-il conclu.