Face à la diminution des financements mondiaux, aux tarifs douaniers et aux tensions géopolitiques, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina , a déclaré que l'Afrique devait sortir de sa dépendance à l'égard de l'aide et tracer d'urgence son avenir par l'autosuffisance, les partenariats stratégiques et l'exploitation de ses vastes ressources naturelles.
M. Adesina s’est exprimé dans le cadre de la 14e cérémonie de remise des diplômes de l'Université ouverte nationale du Nigéria (NOUN), où il a donné une conférence suscitant la réflexion. Son discours intitulé « Faire progresser le positionnement de l'Afrique dans la dynamique mondiale du développement et de la géopolitique » a présenté une vision de l'avenir de l'Afrique dans un paysage mondial en mutation rapide. « Le récent démantèlement de l'agence officielle des États-Unis consacrée à l'aide au développement et les mesures anti-subventions similaires dans d'autres parties de l'Europe signifient que les anciens modèles de développement sur lesquels l'Afrique s'est toujours appuyée ne fonctionneront plus », a-t-il déclaré à son auditoire.
"Le temps de l'aide ou de l'argent à titre gratuit est révolu. Les pays africains doivent maintenant apprendre à se développer grâce à une discipline d'investissement. Les pays ne peuvent plus compter sur l'aide pour la croissance ou la considérer comme une partie des recettes publiques, comme cela a été le cas pendant des décennies. La bienveillance n'est pas une classe d'actifs", a affirmé le président de la Banque.
M. Adesina a aussi souligné que l'Afrique devait revoir son approche pour enregistrer une croissance et un développement à un rythme accéléré. Selon lui, pour stimuler la croissance, le continent doit rapidement assurer la mise en œuvre complète de la Zone de libre-échange continentale africaine : « Produire localement, acheter localement, commercer plus localement », a-t-il demandé aux pays du continent. M. Adesina a mis en évidence plusieurs défis majeurs auxquels le continent est confronté, notamment la diminution de l'aide au développement, les politiques d'immigration restrictives, la sous-évaluation du capital naturel et les guerres tarifaires à l'échelle mondiale. Il a toutefois considéré ces défis comme des opportunités pour l'Afrique de redéfinir sa position sur la scène mondiale.
A noter que la Banque africaine de développement dirige l'élaboration d'un nouveau cadre permettant de réestimer le produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique sur la base d'une évaluation correcte de son vaste capital naturel. Cela permettra de réduire la dette de l'Afrique par rapport au PIB réestimé et d'accroître sa capacité à emprunter davantage de ressources pour financer son développement. La Banque estime que l'évaluation correcte de la richesse verte de l'Afrique améliorera les profils de risque et les notations de crédit des pays du continent.
Rappelons que le mois dernier, sous le Haut Patronage du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, le Ministère de l’Économie et des Participations, avec l’appui du PNUD, du Bureau de la Coordination des Nations Unies et des autres partenaires au développement et, en collaboration avec les différents départements ministériels et autres institutions pertinentes, a organisé les assises nationales sur le financement du développement post-transition. Ces assises sur le financement ont permis aux différentes parties prenantes d’échanger leurs points de vue sur les principaux défis du Gabon, en matière de mobilisation de ressources, d’investissement et de financement.