La célèbre Boulangerie Pélisson a été lancée à Libreville vers le milieu des années 1930 par Charles Antoine Pélisson. Ce dernier a quitté la France pour le Gabon en 1928, à l’âge de 28 ans, pour travailler dans le secteur extractif. Dix ans plus tard, il ouvre une boulangerie dans un bâtiment situé juste à côté de l'actuel restaurant le Marquisat. Le succès sera immédiatement au rendez-vous. Les habitudes des Gabonais changent et le bon pain chaud de Pélisson remplace peu à peu les galettes de manioc.
Malheureusement la guerre arrive l'année suivante, en 1939, et Pélisson ne peut obtenir en quantité suffisante la farine de blé nécessaire à la fabrication du pain. On mélange alors de la farine de maïs à la farine de blé, mais cela ne suffit pas à faire du pain en quantité suffisante pour tous les Librevillois. « Les pétrins et laminoirs importés d'Europe pour fabriquer le pain ne seront jamais utilisés... Le pain est rationné à Libreville ! », a-t-on raconté.
Pélisson va alors laisser à sa sœur Anne la gestion de la boulangerie pour revenir dans l’exploitation minière. Muni d'un permis, il reprend son métier de chercheur d'or dans la région de Kinguélé et crée la Société d’Etudes Minières de Kango. Un document d'époque indique que le pionnier de la boulangerie au Gabon employait en 1946 une quarantaine de travailleurs. À sa fermeture, le 1er juillet 1947, la mine aura produit en tout et pour tout 7, 836 kilos d'or.
Après la fin de la guerre, il a encore fallu du temps pour que la pénurie cesse et que les approvisionnements arrivent au Gabon. Ce n'est qu'en fin 1947 que Pélisson reprend la direction de sa boulangerie. Les affaires vont tout même bien reprendre car Libreville bénéficie, comme la métropole, d'un certain regain d'activité qui profite évidement à la filière pain. Il est toujours le seul boulanger de Libreville et la population s'accroît rapidement... En 1955, Pélisson fait construire par l'entreprise Martel un nouvel immeuble qui abritera sa boulangerie mais aussi Bata et Crédit Lyonnais.
Surnommé affectueusement Pépé par ses contemporains, il s'intéresse aussi au sport et participe activement à la création du club de Rugby de Libreville. Le football fait aussi partie de ses passions et il est rare qu'il ne soit pas le dimanche au stade Révérend Père Lefèbvre. Certains historiens soutiennent, cependant, que le premier boulanger du Gabon ait été monsieur Brandon qui aurait lancé ses activités vers 1900. Mais ça, c’est une autre histoire…gabonaise.
Source : Souvenirs du Gabon
